« Vie privée, protection des données, cybersécurité : ce n’est pas possible sans le logiciel libre ! » : différence entre les versions

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Il nous faut de nouvelles politiques et une action publique forte non seulement pour protéger nos données contre les tiers malveillants qui accèdent illégalement aux données que nous avons confiées aux géants du numérique, mais aussi contre les usages de nos données qui sont peut-être légaux, mais pas forcément légitimes et respectueux de notre vie privée, et auxquels se livrent très certainement toutes les grandes entreprises installées au cœur de l’économie marchande de la donnée.
Il nous faut de nouvelles politiques et une action publique forte non seulement pour protéger nos données contre les tiers malveillants qui accèdent illégalement aux données que nous avons confiées aux géants du numérique, mais aussi contre les usages de nos données qui sont peut-être légaux, mais pas forcément légitimes et respectueux de notre vie privée, et auxquels se livrent très certainement toutes les grandes entreprises installées au cœur de l’économie marchande de la donnée.


''Collecte massive'' – Nos politiques doivent tendre vers une réduction de la collecte massive de données qui servent à pister, profiler et analyser les comportements des internautes. Ne perdons pas de vue que les données personnelles les plus « sécuritaires » sont naturellement celles qui ne sont jamais ni produites, ni collectées, ni stockées. Viennent ensuite celles qu’on doit produire, mais qu’on n’est pas obligé de stocker ou de faire circuler sur le réseau. Finalement, en bout de ligne, il y a les autres données personnelles forcément stockées quelque part et qu’on peut être tenu de communiquer à des tiers à certaines occasions. Celles-là, nous gagnons tous et toutes en ne les confiant qu’à des tiers qui n’ont ni la capacité technique ni non plus intérêt à effectuer de la collecte massive. Comme si ce n’était pas suffisant, tout porte à croire que la réduction de cette collecte néfaste pour la démocratie sera positive pour l’environnement : moins de stockage en ligne, moins de calcul intensif, moins de consommation d'énergie !
''Collecte massive'' – Nos politiques doivent tendre vers une réduction de la collecte massive de données qui servent à pister, profiler et analyser les comportements des internautes. Ne perdons pas de vue que les données personnelles les plus « sécuritaires » sont naturellement celles qui ne sont jamais ni produites, ni collectées, ni stockées. Viennent ensuite celles qu’on doit produire, mais qu’on n’est pas obligé de stocker ou de faire circuler sur le réseau. Finalement, en bout de ligne, il y a les autres données personnelles forcément stockées quelque part et qu’on peut être tenu de communiquer à des tiers à certaines occasions. Celles-là, nous gagnons tous et toutes en ne les confiant qu’à des tiers qui n’ont ni la capacité technique ni non plus intérêt à effectuer de la collecte massive. Comme si ce n’était pas suffisant pour nous convaincre, tout porte à croire que la réduction de cette collecte néfaste pour la démocratie serait aussi positive pour l’environnement : moins de stockage en ligne, moins de calcul intensif, moins de consommation d'énergie !


''Centralisation'' – La collecte massive est grandement facilité par la terrifiante centralisation des usages d’Internet que les GAFAM ont réussi à opérer sur les fondations pourtant techniquement décentralisées d’Internet et du Web. Parmi les éléments de réponse utiles bien qu’insuffisants à ce problème complexe, nous pouvons citer l’introduction d’un droit à la portabilité des données et l’imposition par la loi de l’interopérabilité des plateformes en ligne, comme nous le demandions le 21 mai dernier, en commun avec La Quadrature du Net (France) et plus de 70 autres organisations<ref>https://www.laquadrature.net/2019/05/21/pour-linteroperabilite-des-geants-du-web-lettre-commune-de-45-organisations/</ref>.
''Centralisation'' – La collecte massive est grandement facilité par la terrifiante centralisation des usages d’Internet que les GAFAM ont réussi à opérer sur les fondations pourtant techniquement décentralisées d’Internet et du Web. Parmi les éléments de réponse utiles bien qu’insuffisants à ce problème complexe, nous pouvons citer l’introduction d’un droit à la portabilité des données et l’imposition par la loi de l’interopérabilité des plateformes en ligne, comme nous le demandions le 21 mai dernier, en commun avec La Quadrature du Net (France) et plus de 70 autres organisations<ref>https://www.laquadrature.net/2019/05/21/pour-linteroperabilite-des-geants-du-web-lettre-commune-de-45-organisations/</ref>.
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En 2013, FACiL signait les ''[https://necessaryandproportionate.org/fr/principes-internationaux-sur-l%E2%80%99application-des-droits-de-l%E2%80%99homme-%C3%A0-la-surveillance-des-0 Principes internationaux sur l’application des droits de l’homme à la surveillance des communications]'', un document important qui fournit un cadre pour évaluer si les lois et les pratiques des États sont cohérentes avec les droits de la personne humaine. Les deux idées maîtresses de la déclaration de principes sont «nécessité» et «proportionnalité». Pour respecter leurs engagements internationaux en matière de protection du droit à la vie privée, les États doivent entre autres prouver que la surveillance «constitue l’unique moyen d’atteindre un but légitime donné» et démontrer à une autorité judiciaire indépendante, impartiale et compétente, que les informations recueillies «se limiteront à ce qui est raisonnablement pertinent» et seront «consultées uniquement par l’autorité spécifiée et utilisées exclusivement aux fins pour lesquelles l’autorisation a été accordée». Nous attirons également l’attention du public sur la ''[https://web.archive.org/web/20150424080215/https://openmedia.ca/declaration Déclaration d’Ottawa sur la surveillance de masse au Canada]'' de 2014, qui, en s’inspirant des principes internationaux mentionnés plus haut, précise quelques-unes de leurs conséquences pour le Canada et propose des gestes concrets de réforme. FACiL a signé cette autre déclaration en plus d’en assurer la traduction française.
En 2013, FACiL signait les ''[https://necessaryandproportionate.org/fr/principes-internationaux-sur-l%E2%80%99application-des-droits-de-l%E2%80%99homme-%C3%A0-la-surveillance-des-0 Principes internationaux sur l’application des droits de l’homme à la surveillance des communications]'', un document important qui fournit un cadre pour évaluer si les lois et les pratiques des États sont cohérentes avec les droits de la personne humaine. Les deux idées maîtresses de la déclaration de principes sont «nécessité» et «proportionnalité». Pour respecter leurs engagements internationaux en matière de protection du droit à la vie privée, les États doivent entre autres prouver que la surveillance «constitue l’unique moyen d’atteindre un but légitime donné» et démontrer à une autorité judiciaire indépendante, impartiale et compétente, que les informations recueillies «se limiteront à ce qui est raisonnablement pertinent» et seront «consultées uniquement par l’autorité spécifiée et utilisées exclusivement aux fins pour lesquelles l’autorisation a été accordée». Nous attirons également l’attention du public sur la ''[https://web.archive.org/web/20150424080215/https://openmedia.ca/declaration Déclaration d’Ottawa sur la surveillance de masse au Canada]'' de 2014, qui, en s’inspirant des principes internationaux mentionnés plus haut, précise quelques-unes de leurs conséquences pour le Canada et propose des gestes concrets de réforme. FACiL a signé cette autre déclaration en plus d’en assurer la traduction française.


Concernant la surveillance de masse des géants du numérique, nous avons aussi des choix politiques à faire, mais peut-être encore plus, nous avons des choix à faire à titre de consommateurs de produits et de services numériques. Ou nous continuons à être insouciants et irresponsables en consommant sans poser de questions tous les nouveaux gadgets et services numériques des GAFAM, ou alors nous décidons de nous donner les moyens de savoir ce que font vraiment nos appareils numériques en soutenant massivement le développement des nouvelles industries du numérique qui montreront patte blanche en prenant parti pour les logiciels libres, la protection de la vie privée dès la conception, la décentralisation d’Internet, le chiffrement de bout en bout et des modèles d'affaires ne reposant plus sur la banalisation de la collecte, du pistage, du profilage et de l’analyse comportementale des internautes.  
Concernant la surveillance de masse des géants du numérique, nous avons aussi des choix politiques à faire, mais peut-être encore plus, nous avons des choix à faire à titre de consommateurs de produits et de services numériques. Ou nous continuons à être insouciants et irresponsables en consommant sans poser de questions tous les nouveaux gadgets et services numériques des GAFAM, ou alors nous décidons de nous donner les moyens de savoir ce que font vraiment nos appareils numériques en soutenant massivement le développement des nouvelles industries du numérique qui montreront patte blanche en prenant parti pour les logiciels libres, la protection de la vie privée dès la conception, la décentralisation d’Internet, le chiffrement de bout en bout et des modèles d'affaires ne reposant plus sur la banalisation de la collecte, du pistage, du profilage et de l’analyse comportementale des internautes.


== Conclusion ==
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