« Transcription de la table ronde sur les savoirs libres du 24 septembre 2015 » : différence entre les versions

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'''Vincent Larivière :''' Je vais essayer d'être bref, mais ça va être un peu difficile, moi mon mot c'est '''concentration'''. En fait je me spécialise dans la littérature scientifique, la diffusion de la littérature scientifique. Ce qu'on voit en ce moment c'est que la littérature scientifique elle est concentrée entre les mains de cinq grands éditeurs qui contrôlent tout le marché. On a peu de liberté en conséquence.
'''Vincent Larivière :''' Je vais essayer d'être bref, mais ça va être un peu difficile, moi mon mot c'est '''concentration'''. En fait je me spécialise dans la littérature scientifique, la diffusion de la littérature scientifique. Ce qu'on voit en ce moment c'est que la littérature scientifique elle est concentrée entre les mains de cinq grands éditeurs qui contrôlent tout le marché. On a peu de liberté en conséquence.


'''Thomas Mboa Nkoudou :'' Moi je dirais '''embryonnaire''' et '''décalée''' dans la mesure où la francophonie est constituée en majeure partie de pays d'Afrique et puis peut-être vous de ce côté vous avez l'impression  
'''Thomas Mboa Nkoudou :'' Moi je dirais '''embryonnaire''' et '''décalée''' dans la mesure où la francophonie est constituée en majeure partie de pays d'Afrique et puis peut-être vous de ce côté vous avez l'impression que cette production évolue mais en Afrique c'est autre chose. Ce qui tire la production vers le bas. C'est pour ça que j'ai parlé d'embryonnaire et décalée.
que cette production évolue mais en Afrique c'est autre chose. Ce qui tire la production vers le bas. C'est pour ça que j'ai parlé d'embryonnaire et décalée.


'''Benoît Rochon :''' En terme de production de contenu de savoir libre je pense que Wikipédia fait office déjà depuis un petit peu dans ce milieu là. J'ai envie de répondre à la question par une question à la salle : qui a consulté Wikipédia au moins une fois ici ? [Par jour ? Oui c'est ça ! Par jour, exactement.] Qui produit du contenu dans Wikipédia ? ... au Québec et on travaille très fort pour que ce soit ....
'''Benoît Rochon :''' En terme de production de contenu de savoir libre je pense que Wikipédia fait office déjà depuis un petit peu dans ce milieu là. J'ai envie de répondre à la question par une question à la salle : qui a consulté Wikipédia au moins une fois ici ? [Par jour ? Oui c'est ça ! Par jour, exactement.] Qui produit du contenu dans Wikipédia ? ... au Québec et on travaille très fort pour que ce soit ....
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'''Karim Benyekhlef :''' Merci pour la brièveté. Alors écoutez je me tourne vers la salle tout de suite. Si jamais est-ce qu'il y a quelqu'un qui a un commentaire à faire à la lumière de la question posée mais à la lumière aussi des quelques commentaires de nos collègues, sinon je retournerais vers la table rectangulaire, si je puis dire. Oui, monsieur ?
'''Karim Benyekhlef :''' Merci pour la brièveté. Alors écoutez je me tourne vers la salle tout de suite. Si jamais est-ce qu'il y a quelqu'un qui a un commentaire à faire à la lumière de la question posée mais à la lumière aussi des quelques commentaires de nos collègues, sinon je retournerais vers la table rectangulaire, si je puis dire. Oui, monsieur ?


'''La salle :''' C'est pour rebondir à ce que vous disiez à propos des éditeurs scientifiques ...
'''La salle :''' C'est pour rebondir à ce que vous disiez à propos des éditeurs scientifiques : est-ce que vous pensez qu'avec l'open access y'a des... ça s'en va dans le bon sens. Et qu'est-ce que vous pensez des archives, c'est-à-dire de tout le savoir qui a été produit jusqu'à maintenant qui lui, est dans des licences qui sont fermées. Est-ce que ça peut être ouvert? Est-ce qu'on peut pouvoir utiliser tout ça?


(À SUIVRE)
'''Vincent Larivière : ''' En terme de… je vais répondre à la première question. Si on parle de l'accès libre, tout dépend comment on le définit, parce qu'évidemment, quand le mot est sorti, les grands éditeurs scientifiques.. Elsevier.. WiLi(?)... se sont réappropriés le terme "accès libre" donc aujourd'hui, aux yeux de beaucoup de scientifiques, publier en "accès libre" c'est de payer entre 3000, 4000 à 5000$ à Elsevier pour être publié. Donc y'a beaucoup d'éducation à faire au sein de la communauté scientifique à tout le moins… moi j'm'intéresse à la communication savante ici pour qu'ils agissent en bons citoyens scientifiques ou en bons citoyens dans le monde de la communauté scientifique. Maintenant au niveau des licences passées, c'est difficile un peu d'être optimiste parce qu'effectivement les articles qui ont été publiés avec… en fait on donne notre ''copyright'' quand on publie avec les grands éditeurs, donc c'est un peu difficile de revenir en arrière à partir de ce point là.
 
'''Karim Benyekhlef :''' Est-ce que parmi vous quelqu'un veut réagir aussi aux propos des uns et des autres ou poursuivre ?
 
'''Benoît Rochon :''' J'ai en tête un projet en collaboration avec les différents éditeurs particulièrement en  anglais, mais en français ça commence énormément… Érudit… (kale (?)(inaudible))... qui donnent accès aux wikipédiens pour que les wikipédiens puissent écrire des articles wikipédia et utiliser des articles scientifiques payants... euh...et s'en servir comme sources.
 
'''Vincent Larivière :''' Probablement qu'y'a une plus grande résistance chez les plus gros éditeurs anglo-américains à faire ça.
 
'''Florence Piron :''' Pour revenir aux chercheurs, nous on a fait une grande enquête à l'Université Laval sur les pratiques de publication des chercheurs et ce qui est ressorti de façon très claire c'est que au moins la moitié des répondants qui couvraient à peu près toutes les disciplines, toutes les facultés.. euh... estimaient par exemple qu'ils étaient obligés de céder tous leurs droits aux éditeurs scientifiques, ceux dont parlent Vincent. Ils ne se rendaient pas compte qu'ils pouvaient faire autrement : mettre une licence libre, etc. Et l'autre partie par contre, je pense plutôt des gens en sciences sociales, je ne suis pas sûr... disaient : « Mais jamais je ne donnerai mes droits à qui que ce soit. » Alors y'avait vraiment une grande différence, mais ce qui me frappe c'est cette docilité… manque d'''empowerment''. C'est triste à dire parce que moi je travaille beaucoup sur le libre accès en Afrique et en Haïti, mais je me rencontre que dans nos universités les chercheurs n'osent pas parce qu'ils ont peur de déplaire aux revues aux éditeurs. Il ont peur que cela nuise à leur carrière. C'est l'enjeu de la professionnalisation de la recherche : on perd de vue dans le fond, l'idéal de la science comme bien commun pour ce concentrer sur la carrière, le CV, etc. C'est ça qui l'emporte alors ils sont mélangés dans leurs priorités. Et ils sont pas conscient surtout… et c'est une chose que j'ai remarqué en Afrique, en Haïti. J'me mets maintenant dans les conditions d'un chercheur haïtien, c'est-à-dire que je refuse d'inscrire mon ''idul nip'' quand je consulte ma bibliothèque. J'vais faire comme si j'étais en dehors de l'université et bon, je frappe des murs payants. Je vois que les gens dans les universités, ils ne se rendent pas compte parce que eux ils frappent leur ''idul nip'' et ils ont accès à l'article. Ils ne se rendent pas compte. Donc y'a un espèce d'aveuglement, de cécité. C'est un autre mot que je voulais donner sur le fait que la science... l'accès est fermé. Et donc, du coup, il ne sont pas mobilisés. Nous on lutte pour le libre accès et ils nous prennent pour des hurluberlu(e)s alors ils vont dire, de toute façon... et je l'ai entendu (!), je l'ai entendu de la part Karine, d'une chercheuse qui travaillait avec des groupes communautaires, qui a fait un superbe livre. J'ai regardé le prix l'éditeur, le livre se vendait plus de 90 livres sterling plus de 100 dollars. (À SUIVRE)

Version du 21 janvier 2017 à 22:07

À propos de l'événement : FramaConf2015 // Source audio: Fichier:Table-ronde-libre-24-sep-2015.ogg (1 h 32 m 28 s)


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Karim Benyekhlef : Je suis Karim Benyekhlef, titulaire de la Chaire de recherche Lexum. Je suis très heureux de recevoir nos invités que je vais présenter brièvement l'un après l'autre. Je remercie le Laboratoire de cyberjustice et FACIL d'avoir permis l'organisation de cet événement. Je signale en passant également que le 22 octobre prochain nous allons recevoir ici même Evgeny Morozov, qui est un penseur iconoclaste du web, qui pourra aussi nous donner, à aussi, matière à réflexion. Mais je n'en dis pas plus. Je me tourne tout de suite vers nos invités, que je vous présente très brièvement. Je vous présenterai la petite formule que l'on a adoptée aussi.

  • Mme Florence Piron, professeure au Département d'information et de communication de l'Université Laval.
  • M. Valentin Callipel, avocat et chercheur au Laboratoire de cyberjustice.
  • Mme Diane Mercier, praticienne-chercheure et consultante en transfert des connaissances, ambassadrice de l'Open Knowledge Foundation au Canada.
  • Pr. Vincent Larivière, de l'École de Bibliothéconomie et des Sciences de l'information de notre université, directeur scientifique d'Érudit également, évidemment un sujet qui va être au cœur de nos discussions.
  • M. Thomas Mboa Nkoudou, qui est enseignant au Cameroun et doctorant au Département d'information et de communication de l'Université Laval.
  • M. Benoît Rochon, administrateur et chargé de projet pour Wikimedia Canada.

Alors bienvenue à tous et merci d'être avec nous. Alors écoutez, afin d'assurer un échange continu entre nos différents invités et vous-mêmes, ce que nous avons proposé, avec Karine, c'est que chaque invité dise un petit mot, très court — un concept, autour des trois thèmes qui sont établis. Et l'on commencerait par la première question:

Quel est l'état de la production des savoirs libres au Québec et dans la francophonie?

Donc une intervention très, très courte, l'un après l'autre, et ensuite on pourra tout de suite entamer la discussion entre les conférenciers et, évidemment, les gens de la salle. Mme Piron, à vous de plonger.

Florence Piron : Le concept que je vais proposer pour ce qui est de la production — enfin, je vais en proposer deux courts: l'injustice cognitive, c'est-à-dire le fait que la visibilité de la production cognitive scientifique n'est pas la même selon la région du monde dans laquelle on travaille et la langue dans laquelle on écrit; et l'autre (et là, je pense aux chercheurs du Québec), c'est: docile ou timoré. Voilà.

Karim Benyekhlef : Merci. Valentin?

Valentin Callipel : Alors moi, d'où je parle, je pense que c'est important parce que j'ai un parcours légèrement différent que dans ce panel, c'est que je suis juriste à l'université et avocat, et du coup je dirais que la production du savoir libre dans mon domaine est contextuelle, elle est très attachée à une histoire et un contexte culturel, ici, au Québec.

Diane Mercier : Alors, pour moi, il y a un terme, c'est liberté d'expression. Alors le savoir libre dépend du niveau de liberté d'expression d'une société. Et, actuellement, je suis très morose.

Vincent Larivière : Je vais essayer d'être bref, mais ça va être un peu difficile, moi mon mot c'est concentration. En fait je me spécialise dans la littérature scientifique, la diffusion de la littérature scientifique. Ce qu'on voit en ce moment c'est que la littérature scientifique elle est concentrée entre les mains de cinq grands éditeurs qui contrôlent tout le marché. On a peu de liberté en conséquence.

'Thomas Mboa Nkoudou : Moi je dirais embryonnaire et décalée dans la mesure où la francophonie est constituée en majeure partie de pays d'Afrique et puis peut-être vous de ce côté vous avez l'impression que cette production évolue mais en Afrique c'est autre chose. Ce qui tire la production vers le bas. C'est pour ça que j'ai parlé d'embryonnaire et décalée.

Benoît Rochon : En terme de production de contenu de savoir libre je pense que Wikipédia fait office déjà depuis un petit peu dans ce milieu là. J'ai envie de répondre à la question par une question à la salle : qui a consulté Wikipédia au moins une fois ici ? [Par jour ? Oui c'est ça ! Par jour, exactement.] Qui produit du contenu dans Wikipédia ? ... au Québec et on travaille très fort pour que ce soit ....

Karim Benyekhlef : Merci pour la brièveté. Alors écoutez je me tourne vers la salle tout de suite. Si jamais est-ce qu'il y a quelqu'un qui a un commentaire à faire à la lumière de la question posée mais à la lumière aussi des quelques commentaires de nos collègues, sinon je retournerais vers la table rectangulaire, si je puis dire. Oui, monsieur ?

La salle : C'est pour rebondir à ce que vous disiez à propos des éditeurs scientifiques : est-ce que vous pensez qu'avec l'open access y'a des... ça s'en va dans le bon sens. Et qu'est-ce que vous pensez des archives, c'est-à-dire de tout le savoir qui a été produit jusqu'à maintenant qui lui, est dans des licences qui sont fermées. Est-ce que ça peut être ouvert? Est-ce qu'on peut pouvoir utiliser tout ça?

Vincent Larivière : En terme de… je vais répondre à la première question. Si on parle de l'accès libre, tout dépend comment on le définit, parce qu'évidemment, quand le mot est sorti, les grands éditeurs scientifiques.. Elsevier.. WiLi(?)... se sont réappropriés le terme "accès libre" donc aujourd'hui, aux yeux de beaucoup de scientifiques, publier en "accès libre" c'est de payer entre 3000, 4000 à 5000$ à Elsevier pour être publié. Donc y'a beaucoup d'éducation à faire au sein de la communauté scientifique à tout le moins… moi j'm'intéresse à la communication savante ici pour qu'ils agissent en bons citoyens scientifiques ou en bons citoyens dans le monde de la communauté scientifique. Maintenant au niveau des licences passées, c'est difficile un peu d'être optimiste parce qu'effectivement les articles qui ont été publiés avec… en fait on donne notre copyright quand on publie avec les grands éditeurs, donc c'est un peu difficile de revenir en arrière à partir de ce point là.

Karim Benyekhlef : Est-ce que parmi vous quelqu'un veut réagir aussi aux propos des uns et des autres ou poursuivre ?

Benoît Rochon : J'ai en tête un projet en collaboration avec les différents éditeurs particulièrement en anglais, mais en français ça commence énormément… Érudit… (kale (?)(inaudible))... qui donnent accès aux wikipédiens pour que les wikipédiens puissent écrire des articles wikipédia et utiliser des articles scientifiques payants... euh...et s'en servir comme sources.

Vincent Larivière : Probablement qu'y'a une plus grande résistance chez les plus gros éditeurs anglo-américains à faire ça.

Florence Piron : Pour revenir aux chercheurs, nous on a fait une grande enquête à l'Université Laval sur les pratiques de publication des chercheurs et ce qui est ressorti de façon très claire c'est que au moins la moitié des répondants qui couvraient à peu près toutes les disciplines, toutes les facultés.. euh... estimaient par exemple qu'ils étaient obligés de céder tous leurs droits aux éditeurs scientifiques, ceux dont parlent Vincent. Ils ne se rendaient pas compte qu'ils pouvaient faire autrement : mettre une licence libre, etc. Et l'autre partie par contre, je pense plutôt des gens en sciences sociales, je ne suis pas sûr... disaient : « Mais jamais je ne donnerai mes droits à qui que ce soit. » Alors y'avait vraiment une grande différence, mais ce qui me frappe c'est cette docilité… manque d'empowerment. C'est triste à dire parce que moi je travaille beaucoup sur le libre accès en Afrique et en Haïti, mais je me rencontre que dans nos universités les chercheurs n'osent pas parce qu'ils ont peur de déplaire aux revues aux éditeurs. Il ont peur que cela nuise à leur carrière. C'est l'enjeu de la professionnalisation de la recherche : on perd de vue dans le fond, l'idéal de la science comme bien commun pour ce concentrer sur la carrière, le CV, etc. C'est ça qui l'emporte alors ils sont mélangés dans leurs priorités. Et ils sont pas conscient surtout… et c'est une chose que j'ai remarqué en Afrique, en Haïti. J'me mets maintenant dans les conditions d'un chercheur haïtien, c'est-à-dire que je refuse d'inscrire mon idul nip quand je consulte ma bibliothèque. J'vais faire comme si j'étais en dehors de l'université et bon, je frappe des murs payants. Je vois que les gens dans les universités, ils ne se rendent pas compte parce que eux ils frappent leur idul nip et ils ont accès à l'article. Ils ne se rendent pas compte. Donc y'a un espèce d'aveuglement, de cécité. C'est un autre mot que je voulais donner sur le fait que la science... l'accès est fermé. Et donc, du coup, il ne sont pas mobilisés. Nous on lutte pour le libre accès et ils nous prennent pour des hurluberlu(e)s alors ils vont dire, de toute façon... et je l'ai entendu (!), je l'ai entendu de la part Karine, d'une chercheuse qui travaillait avec des groupes communautaires, qui a fait un superbe livre. J'ai regardé le prix l'éditeur, le livre se vendait plus de 90 livres sterling plus de 100 dollars. (À SUIVRE)