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Commentaires sur la Plan d'action pour l'accessibilité et le partage des données ouvertes des ministères et des organismes publics (web, pdf) du Québec publiée en juin 2018.
Perspective globale sur le plan
Globalement, ce plan semble confirmer que le Québec se contente d'être à traîne : ce sont d'autres gouvernements dans le monde qui montrent la voie.
Six après la mise en ligne de la première version de son portail de données ouvertes, le gouvernement du Québec propose son premier plan d'action biannuel conforme aux recommandations du PGO. Pendant ce temps, l'État fédéral canadien en est déjà à élaborer son quatrième plan d'action biannuel. L'initiative de «gouvernement ouvert» du Québec sera-t-elle enfin une priorité ?
Le plan d'action semble porter exclusivement sur les données ouvertes alors qu'il devrait porter sur les données, les documents et tout ce que l'on peut légitimement mettre sous le vocable d'«information» numérique.
Point par point
A. Redonner les données publiques aux citoyens
Engagement 1: Ouvrir les données par défaut
La libération par défaut des données d'intérêt public est un bon engagement : Québec Ouvert avait recommandé de procéder de la sorte dans son mémoire de 2013 déposé à l'occasion de la consultation générale et des auditions publiques sur le rapport quinquennal de la Commission d'accès à l'information (CAI) et FACiL avait publiquement appuyé ce mémoire[1].
Cependant, le plan d'action semble restreindre cette exigence aux seuls jeux de données, alors qu'il est souhaitable que ce soit l'information en général qui soit librement accessible et réutilisable. FACiL avait insisté là-dessus dans son mémoire de 2015 présenté dans le cadre de la consultation générale et des auditions publiques sur le document intitulé Orientations gouvernementales pour un gouvernement plus transparent, dans le respect du droit à la vie privée et la protection des renseignements personnels. Nous avions alors évoquer le besoin d'un portail de documents aux côtés du portail de données et nous avions montré quelques exemples d'État du monde qui font mieux que le Québec[2].
Engagement 2: Créer un pôle d’expertise en données ouvertes
Une expertise interne en données ouvertes est certainement à développer, mais quelle est la meilleure façon d'y parvenir ?
Nous suggérons une approche transversale qui aura des effets à long terme en finançant la production de formations en ligne ouvertes à tous[3] et de ressources éducatives libres (REL) qui seront disponibles via le portail fédérateur des ressources numériques de l'enseignement supérieur québécois dont parle le Plan d'action numérique en éducation et en enseignement supérieur déposé en mai 2018. En procédant de la sorte, l'administration publique pourra former son personnel, recruter de nouveaux talents et en faire profiter l'ensemble de la société québécoise (dont les administrations publiques municipales) et même la francophonie.
B. Innover avec les données ouvertes
Engagement 3: Engager les citoyens dans le développement d’applications en organisant des hackathons
Bien qu'il est souhaitable que Données Québec et ses partenaires organisent un grand hackathon annuel avec remises de prix, il serait dommage d'en faire l'unique engagement du Québec visant à «engager les citoyens dans le développement d'applications».
Il serait préférable de soutenir plusieurs actions dans un processus continu et itératif, processus dans lequel le hackathon annuel serait un moment important, mais pas le seul. Par ailleurs, il y a de bonnes raisons de souhaiter que les citoyens soient impliqués non seulement dans le développement de nouvelles applications «innovantes» exploitant des données réutilisables, mais aussi a) dans l'amélioration des applications et des services déjà en production et b) dans l'amélioration de la qualité et la richesse des jeux de données disponibles.
Engagement 4: Stimuler le développement économique par les données ouvertes
La notion de «développement économique» utilisée dans cet engagement est très limitative. Elle ne permet pas vraiment de discuter d'actions portant sur la valeur d'usage des données et sur leur réutilisation marchande ou non marchande dans le cadre du paradigme des communs numériques. Intentionnellement ou pas, en choisissant de standardiser sur les licences Creative Commons, le gouvernement du Québec s'est inséré dans le mouvement international du même nom qui, comme nous le soulignions dans un texte publié le 3 mars 2018 à l'occasion de la Journée internationale des données ouvertes, «cherche explicitement une troisième voie, hors de la propriété privée d'un côté et de la propriété publique de l'autre, pour inventer une nouvelle économie des communs numériques[4]».
Il importe que l'État québécois ne soutienne pas uniquement ou même principalement les entreprises, petites ou grandes, qui ont des modèles d'affaires par lesquels la richesse tirée des données ouvertes se trouve «captée en dehors de l'économie collaborative des communs et pour le profit du plus petit nombre».
Le défi véritable du Québec, comme de toutes les autres sociétés de la planète, va bien au-delà du simple souci de «stimuler le développement économique» et «d'innover» par les données ouvertes : il s'agit de «faire émerger [une] économie des communs dans laquelle nous serons individuellement et collectivement maîtres de nos données ouvertes (et autres communs), afin de toujours rester maîtres de nos vies».
Les Québécois doivent prendre part à ce vaste chantier de réflexion et d'action comme partout ailleurs dans le monde.
Engagement 5: Offrir des données de qualité et interopérables pour faciliter la réutilisation
Les besoins sont beaucoup plus grands que la simple mise à jour des Lignes directrices sur la diffusion de données ouvertes.
Ce ne sont très certainement pas que «les employés de l'État» qui souhaitent le développement de «pratiques qui pourraient être communes quant au processus d'anonymisation, à l'utilisation des interfaces de programmation applicative (API), à la gestion des historiques, à la bonification des métadonnées et à la gestion de formats propres à certains domaines d'expertise».
En 2015, FACiL recommandait au gouvernement de «planifier dès maintenant la transition vers une mise à disposition en temps réel, via des interfaces de programmation, de données ouvertes et interreliées»[5]. Cette recommandation est toujours valable aujourd'hui.
Plus que jamais, nous croyons que la réutilisation massive des données d'intérêt public gérées par nos institutions publiques passe par le web des données interreliées et sémantiques. Une expertise spéciale doit être développée pour l'adoption des normes et standards internationaux en la matière, notamment ceux qui tiennent compte de la réalité multilingue de la planète.
C. Impliquer les citoyens dans les affaires publiques
D. Développer une culture de collaboration
- ↑ «Auditions de la CAI : FACIL appuie le mémoire de Québec Ouvert», facil.qc.ca, 11 avril 2013.
- ↑ L'informatique libre pour une vraie transparence, 2015, p. 5-7.
- ↑ L'anglicisme Massive Open Online Course (MOOC) et les mauvaises traductions françaises de ce terme que sont «cours massif en ligne» ou «cours en ligne ouvert et massif» sont à déconseiller. Voir l'article «cours en ligne ouvert à tous», granddictionnaire.com, consulté le 19 juillet 2018.
- ↑ «Données ouvertes : comment développer et protéger ces nouveaux communs ?», facil.qc.ca, 3 mars, 2018.
- ↑ L'informatique libre pour une vraie transparence, 2015, p. 4.