Mise au point sur Cristal-Net

En décembre 2015, des médias ont rapporté que la suite logicielle Cristal-Net serait adoptée par l'ensemble du réseau de la santé du Québec[1][2]. Des informations contradictoires concernant la nature de Cristal-Net (sa disponibilité sous licence libre ou pas) ont empêché FACIL de réagir rapidement à cette nouvelle importante. FACIL a été contraint de mener sa propre petite enquête pour éclaircir la question et être en mesure de se positionner sur l'adoption uniforme de Cristal-Net. Dans les quelques lignes qui suivront, nous allons d'abord communiquer le résultat de cette enquête et ensuite faire connaître la position de FACIL.

Enquête : Cristal-Net n'est pas un logiciel libre

Nous avons communiqué avec le CHU de Québec[3] et la réponse a été très claire : selon Jean Boulanger, le directeur des TI du CHU de Québec, la version de Cristal-Net qui sera adoptée dans l'ensemble du réseau n'est pas un logiciel libre. Cette institution a déjà participé activement à la COmmunauté du LIBRe en Information de Santé (COLIBRIS) par le passé[4] avec le CHU de Grenoble et d'autres partenaires, mais la version de Cristal-Net du CHU de Québec a fini par évoluer de façon distincte pour répondre aux besoins spécifiques du Québec. Le CHU de Québec détient la «propriété intellectuelle» sur sa propre version de Cristal-Net depuis octobre 2015. Le code source de cette version n'est présentement pas disponible sous une licence libre.

Position de FACIL : un logiciel libre serait un meilleur choix à long terme

Le choix de Cristal-Net, propriété du CHU de Québec, institution publique membre du réseau de la santé, est bon pour l'autonomie du secteur public. En effet, les institutions du réseau de la santé du Québec sont en bonne position pour mutualiser le développement et le service (hébergement, administration, formation, soutien technique) de la suite Cristal-Net. Dans l'éventualité où les ressources internes au réseau seraient insuffisantes, les institutions publiques jouiraient d'un précieux rapport de force dans le cadre d'appels d'offres visant à sélectionner des fournisseurs du secteur privé.

Cela dit, FACIL croit que le CHU de Québec devrait évaluer la possibilité de faire de sa version de la suite Cristal-Net un véritable logiciel libre, qui serait publié sous une licence de type GPL[5] et rendu disponible dans un dépôt public. Ce choix permettrait de faire de Cristal-Net un bien commun numérique, une véritable ressource partagée et gérée par l'ensemble de ses utilisateurs et utilisatrices. La liberté d'utiliser, de copier, de modifier et de republier des versions modifiées permettrait de dynamiser le développement de la suite logicielle, notamment en attirant une diversité de collaborateurs (nationaux et internationaux) qui ne sont pas membres du réseau de la santé du Québec. De plus, le public gagnerait la liberté de faire auditer le code source de manière entièrement indépendante et publique pour une meilleure garantie de protection des données personnelles de la population. Le projet Infrastructure géomatique ouverte (IGO) lancé en août 2015[6] est un exemple concret d'une manière de faire que nous croyons possible et souhaitable de reproduire ailleurs dans le secteur public. À notre avis, c'est là une excellente voie pour développer l'expertise interne en informatique dont l'État québécois a cruellement besoin.

Notes